« Annibal » entraîne dans un voyage impossible, un exploit unique à travers le minéral et le bois, les rochers, la glace et les silhouettes d’arbres hiératiques sous les étoiles. Dans son sac sanglé, le Voyageur emmène son histoire avec un patchouli oriental, son audace avec le cumin, son courage avec le cuir, et son rêve avec le jasmin qui brille comme le feu clair d’une lampe.
‟Si haute que soit la montagne, on y trouve un sentier.‟ Ce proverbe afghan fait étrangement écho au proverbe latin qu’on attribue à Hannibal, lequel aurait lancé cette phrase en réponse à ses généraux lui expliquant qu’il était impossible de traverser les Alpes avec ses éléphants : « Je trouverai un moyen, ou j'en inventerai un. »
Et Hannibal Barca, un des plus grands tacticiens militaires de l'Histoire, a réussi son pari dément en passant la chaîne de montagnes à l’automne de l’année 218 avant J.C. selon un tracé qui demeure encore mystérieux aux yeux des historiens, qui ont échafaudés depuis deux siècles des centaines d’hypothèses. Traversant la montagne, le stratège perd des milliers d’hommes, beaucoup d’éléphants mais il terrifie la plaine du Pô et toute l’Italie par sa simple présence, ses 20 000 hommes épuisés. Au moment où la fatigue gagne avant de redescendre des hauteurs, on imagine les soldats et le général sans peur rêver de fleurs, le jasmin, là où il n’y a que du bois : le bois parfumé des voyageurs, le cèdre, le bois fantasmé lointain au parfum grisant, le bois de cachemire et enfin le bois qui réchauffe les nuits froides, le bouleau fumé et cuiré.
Son nom théophore venu du phénicien, porte en lui aussi cette lumière fulgurante, le papyrus des légendes, les espoirs de fumées d’encens de Hamilcar Barca, son père, général de Carthage, et l’épice du cumin anisé de la cité punique. « Hanni-baal » soit « celui qui a la faveur de Baal », dieu terrible et « chevaucheur des nuées » tout puissant vivant sur une montagne, s’allie donc à « Barca », la « foudre », ici, celle du patchouli et de la cire des bougies de lanternes qui irradient de leur chaleur magique. On l’imagine chevauchant avec son armée ces créatures mythiques, presque fantastiques, ces éléphants de combats portant le cuir des selles ouvragées de Carthage. C’est encore un respect immense mais aussi une crainte surnaturelle qu’il suscite en 183 avant JC, à sa mort, quand on grave sur la pierre de son cercueil à Libissa, en actuelle Turquie, l'inscription : « Ici est renfermé Hannibal. »
Reste sous les cyprès le souvenir d’une gloire inégalée jamais éteinte, d’un rêve fou, et de l’air des montagnes au crépuscule quand disparaissent les Pléiades.
« Et lorsque vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez à monter.
Et dès lors que la terre aura réclamé votre corps, vous saurez enfin danser.»
Khalil Gibran
Par téléphone
SE PARFUMER
PARFUMER SON ATMOSPHÈRE
Gravure sur savon