« Retour d’Egypte » entrelace deux mondes du XIXème siècle, l’un fantasmé et l’autre bien réel : l’Egypte des Pharaons telle qu’elle était rêvée par les Romantiques, dans son somptueux sillage d’ambre, de vanille et de musc et une France bucolique reposant dans l’aubépine, le jasmin, la rose fruitée et la bergamote capturées dans les baies.
« Retour d’Égypte » rend hommage avec ses accords floraux et ambrés à un style en vogue à l’orée du XIXe siècle qui connaît son apogée au moment même où le parfumeur Claude Bully crée son enseigne et son fameux vinaigre de toilette. Après la campagne d’Egypte de 1798 à 1801, les motifs d’inspiration égyptienne font florès dans les arts décoratifs français : sphinx, lions ailés, lotus, palmettes et scarabées ornent les meubles en bois précieux, la vaisselle de Sèvres, les immenses façades, jusqu’aux noms évocateurs des rues du Nil, de Damiette, d’Aboukir ou le passage du Caire. En octobre 1836, l’Obélisque du temple de Louxor, cadeau spectaculaire du vice-roi d'Égypte, est érigé en grande pompe, devant une foule en liesse, place de la Concorde.
En respirant cette senteur où l’ambre, le bois et le musc s’enroulent hypnotiques autour du jasmin, de la rose et de l’aubépine dans un éclat doré, on comprend les mots du premier égyptologue à avoir, à l’époque, décrypté les hiéroglyphes, Jean-François Champollion : « Je suis tout à l'Égypte, elle est tout pour moi. »
« Les jardins de Bélus répétèrent : — Les jours
Nous versent les rayons, les parfums, les amours ;
Le printemps immortel, c'est nous, nous seuls ; nous sommes
La joie épanouie en roses sur les hommes. »
Les Pyramides, Victor Hugo
Extrait du recueil de poèmes La Légende des Siècles
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